DPE différent: comprendre les écarts entre deux diagnostics (2026)
Pourquoi deux DPE différents peuvent être juridiquement valables
Analyse technique, méthodologique et réglementaire — comprendre pourquoi une différence de résultat ne signifie pas nécessairement une erreur, une fraude ou une non-conformité.
1) Une situation fréquente, source de tensions
Il n’est pas rare qu’un même logement fasse l’objet de deux diagnostics de performance énergétique affichant des résultats différents, parfois à quelques mois ou quelques années d’intervalle. Cette situation génère incompréhension, inquiétude, voire suspicion, notamment lors d’une vente, d’une mise en location ou d’un contrôle administratif.
L’erreur la plus courante consiste à supposer qu’un seul des deux diagnostics serait « le bon », l’autre étant nécessairement erroné. Cette approche est juridiquement et techniquement inexacte.
2) Le DPE n’est pas un constat figé, mais un calcul normé
Le DPE repose sur une méthode de calcul réglementaire, appliquée à partir de données d’entrée collectées lors de la visite et complétées, le cas échéant, par des hypothèses conventionnelles. Le diagnostiqueur ne produit pas un avis personnel, mais renseigne un moteur de calcul national qui applique des règles prédéfinies.
Ce cadre implique qu’une variation raisonnable des données d’entrée, des conditions d’observation ou des informations disponibles peut produire des résultats différents tout en restant conformes à la méthode.
3) Les causes techniques réelles des écarts
Plusieurs facteurs expliquent les différences observées entre deux DPE portant sur un même bien :
- accessibilité différente de certaines zones lors des visites
- présence ou absence de justificatifs techniques
- recours à des hypothèses réglementaires distinctes mais admissibles
- ajustement de surfaces de référence ou de volumes
- sensibilité accrue aux seuils de classement
Aucun de ces éléments ne constitue, en soi, une anomalie ou une fraude.
4) Validité réglementaire ≠ identité des résultats
Deux diagnostics peuvent être juridiquement valables sans être identiques. La validité s’apprécie au regard du respect de la méthode, de la traçabilité des données et de la cohérence globale du raisonnement réglementaire, non de la stricte reproduction d’un résultat antérieur.
Assimiler toute différence à une erreur revient à méconnaître la nature même du DPE.
5) Évolutions réglementaires et méthodologiques (2025–2026)
À partir de 2025 et surtout à compter du 1er janvier 2026, le contexte réglementaire du DPE a évolué. L’un des changements majeurs concerne le coefficient de conversion de l’électricité en énergie primaire, abaissé de 2,3 à 1,9. Cette évolution, indépendante de toute modification du bâti, entraîne mécaniquement une baisse de la consommation conventionnelle calculée pour les logements chauffés à l’électricité.
En parallèle, les exigences de traçabilité, de contrôle et de sécurisation des saisies ont été renforcées. Les logiciels professionnels intègrent désormais des mécanismes destinés à limiter toute influence subjective sur le résultat final, ce qui modifie les conditions opérationnelles de réalisation des diagnostics.
Il en résulte qu’un DPE établi avant 2025 et un DPE établi en 2026 ne sont pas produits dans un contexte strictement identique, même si la méthode de base reste la même.
6) Quand une différence devient réellement problématique
Une divergence de résultats appelle une analyse approfondie uniquement lorsqu’elle s’accompagne d’indices sérieux : données factuellement erronées, non-respect manifeste de la méthode, absence de traçabilité, ou incohérences majeures incompatibles avec l’état réel du bien.
En dehors de ces cas, la différence de classement ne suffit pas à caractériser une non-conformité.
7) Rappel juridique essentiel
Conclusion
La coexistence de deux DPE différents pour un même logement n’est ni exceptionnelle ni nécessairement anormale. Elle reflète la nature conventionnelle du calcul, les conditions d’observation, et l’évolution du cadre réglementaire. Comprendre cette réalité permet d’éviter des interprétations erronées et des litiges fondés sur une lecture simplifiée d’un document qui ne l’est pas.
Pour une compréhension globale des limites structurelles du DPE, il est utile de se référer à l’analyse de fond exposée dans le dossier : « Ce que les diagnostics ne disent jamais ».
