Logements classés G : ce qui change en 2025 à Évreux et en Normandie
Réforme du
1er avril 2025 : les logements classés G réintègrent partiellement le parc
locatif, sous conditions techniques, économiques et juridiques
Le 1er avril
2025, le Sénat a adopté un texte de réforme visant à assouplir l’interdiction
de louer les logements classés G, identifiés via le DPE (Diagnostic de
Performance Énergétique). Ce classement, longtemps associé à l’indécence
énergétique, est aujourd’hui réexaminé à la lumière des réalités économiques et
techniques du parc bâti ancien. La réforme marque ainsi un retour à la
proportionnalité, tout en maintenant l’objectif de réduction des passoires
thermiques.
1. Une
lecture plus nuancée de l’indécence énergétique : vers une régulation par la
faisabilité du DPE
Depuis le 1er
janvier 2025, les logements classés G au DPE réglementaire sont réputés non
conformes à la décence locative. Cette note énergétique, exprimée par la
méthode 3CL, expose les bailleurs à des interdictions strictes de mise en
location. Pourtant, le DPE ne tient pas toujours compte des spécificités
architecturales ou économiques du bâti ancien.
La réforme
introduit trois cas de figure dérogatoires au regard du DPE :
• En
copropriété, un sursis de 5 ans est accordé si des travaux ont été votés en AG.
• En
monopropriété ou maison individuelle, un sursis de 3 ans est prévu si des
travaux sont engagés.
• Une
dérogation définitive est possible si les travaux nécessaires à un DPE F sont
techniquement irréalisables ou financièrement disproportionnés.
2. Le coût
disproportionné face au DPE : une nouveauté juridique majeure
Jusqu’à
présent, le classement DPE G entraînait mécaniquement l’interdiction de louer,
sans tenir compte de la faisabilité ou de la rentabilité des travaux.
Désormais, si les travaux nécessaires pour atteindre un classement F sont
disproportionnés par rapport à la valeur du bien, le propriétaire pourra
continuer à louer son logement.
Il devra
cependant prouver que tous les travaux compatibles avec l’amélioration du DPE
ont été réalisés. Le décret attendu précisera le seuil de disproportion,
probablement en croisant coût global des travaux / valeur vénale / gains sur le
DPE.
Cette
disposition repositionne le DPE comme un indicateur évolutif et contextualisé,
et non comme un couperet automatique.
3. Réduction
de loyer et contentieux : la réforme sécurise les baux malgré un DPE G
Avant la
réforme, un DPE G exposait le bailleur à une double peine : interdiction de
location, et risque de demande judiciaire de réduction de loyer. Désormais, la
réforme établit une distinction claire :
• Si le
logement G est loué dans un cadre conforme (sursis ou dérogation), aucune
réduction de loyer ne pourra être exigée, même si le DPE reste à G.
• Si le
bailleur loue illégalement un logement classé G, une réduction pourra être
demandée, limitée au surcoût énergétique réel (différence estimée entre DPE F
et G, généralement 20 à 40€/mois).
Le DPE reste
donc central dans l’arbitrage des litiges locatifs, mais n’est plus seul à
faire foi : la diligence du propriétaire devient un critère d’appréciation.
4. Une
revalorisation du DPE comme outil technique de rénovation
La réforme
redonne au Diagnostic de Performance Énergétique son rôle initial : aider à
planifier des travaux cohérents, et non condamner un logement sans nuance. Le
bailleur devra désormais :
• Fournir un
DPE réglementaire à jour,
• Présenter
une étude thermique avec bouquet de travaux cohérent,
• Justifier
de son engagement via des devis, votes en AG, ou études de faisabilité,
• Démontrer
les obstacles réels à l’atteinte d’un DPE F.
Ce
renforcement du rôle du DPE comme outil d’aide à la décision — et non comme
simple note de sanction — ouvre la voie à une rénovation progressive,
contextualisée et pilotée par des professionnels.
Conclusion :
un DPE plus stratégique, au service d’une transition énergétique réaliste
La réforme du
1er avril 2025 repositionne le DPE dans une logique de transition énergétique
adaptée à la réalité du terrain. Elle reconnaît la complexité des situations,
la diversité des bâtis, et les limites économiques de certains projets de
rénovation.
À Évreux,
dans l’Eure, et plus largement en Normandie, ce texte va permettre à de
nombreux logements classés G de retrouver une existence locative légale, sans
pour autant relâcher l’objectif de performance.
Le DPE
devient, plus que jamais, un outil de diagnostic stratégique — et non un
couperet réglementaire. Pour les professionnels du bâtiment, c’est l’occasion
de recentrer la rénovation énergétique sur l’ingénierie, la faisabilité, et la
logique constructive.