Vente d’immeuble, mise en copropriété et diagnostics : ce qu’il faut savoir sur le DTG et le DPE collectif
La vente d’un
immeuble ou de plusieurs appartements dans un même bâtiment soulève bien plus
de questions qu’il n’y paraît. Entre obligations techniques, exigences
juridiques et demandes spécifiques des notaires, les vendeurs se retrouvent
parfois confrontés à des diagnostics qu’ils ne savent ni nommer ni justifier.
DTG ? DPE collectif ? Copropriété ? Trois mots qui, mis bout à bout, peuvent
changer la nature d’une vente.
Depuis
l’entrée en vigueur progressive du Plan Pluriannuel de Travaux et du DPE
collectif obligatoire dans certaines copropriétés, les professionnels comme les
particuliers doivent redoubler de vigilance. Le Diagnostic Technique Global
(DTG), quant à lui, reste un document encore mal connu mais de plus en plus
demandé, notamment lorsqu’un immeuble ancien est mis en copropriété ou divisé
en plusieurs lots.
Face à cette
complexité croissante, il devient essentiel de clarifier ce que la
réglementation impose réellement, ce que les notaires peuvent exiger à titre de
précaution, et ce que les vendeurs ont intérêt à anticiper. Dans ce dossier
complet, vous trouverez une analyse précise et accessible de quatre situations
fréquentes, rédigées dans un style professionnel et direct, pour répondre aux
questions suivantes :
• Le DPE
collectif est-il obligatoire lorsqu’un DTG est réalisé ?
• Pourquoi un
notaire peut-il exiger un DTG dans le cadre d’une vente ?
• La vente
simultanée de plusieurs appartements déclenche-t-elle une obligation de DTG ?
• Quelle
stratégie adopter pour sécuriser une vente immobilière dans un immeuble ancien
?
Chacun de ces
articles peut être lu séparément, mais ils forment ensemble un guide cohérent
pour tous ceux qui, professionnels ou particuliers, sont confrontés à la vente
d’un bien collectif, à la division d’un immeuble, ou à la création d’une
copropriété.
Avant de
vendre, de signer ou de diagnostiquer, mieux vaut comprendre les règles du jeu.
Le DPE
collectif est-il obligatoire lorsqu’un DTG est réalisé ?
Le DPE
collectif est parfois mentionné dans les ventes d’immeubles ou d’appartements
lorsqu’un Diagnostic Technique Global (DTG) est réalisé. Certains notaires
l’exigent, certains vendeurs le redoutent, et pourtant, il n’est pas toujours
obligatoire. En réalité, le DPE collectif et le DTG n’obéissent pas aux mêmes
logiques réglementaires. Ils peuvent coexister, mais l’un n’implique pas
nécessairement l’autre.
Le DTG est un
document technique global, souvent requis lors d’une mise en copropriété d’un
immeuble ancien. Il vise à dresser un état des lieux du bâtiment, de ses
parties communes, de ses équipements, et peut inclure une évaluation
énergétique. C’est ici que la confusion naît. Une analyse thermique peut
apparaître dans un DTG sans pour autant constituer un DPE collectif
réglementaire. Car le DPE collectif, lui, obéit à des règles précises fixées
par décret.
Depuis le 1er
janvier 2024, les copropriétés de plus de 200 lots sont dans l’obligation
d’établir un DPE collectif. Cette obligation s’étendra, à partir du 1er janvier
2025, aux copropriétés entre 50 et 200 lots, puis en 2026 à toutes les
copropriétés de moins de 50 lots. En dehors de ce calendrier réglementaire,
rien n’impose à un vendeur d’immeuble, même concerné par un DTG, de fournir un
DPE collectif.
Il peut
arriver cependant qu’un notaire l’exige, non par obligation légale, mais par
mesure de transparence ou de prudence. Lorsque la vente concerne plusieurs lots
dans un même bâtiment, ou un immeuble avec chauffage collectif, le notaire peut
considérer que la performance énergétique globale doit être connue. Il s’agit
alors d’une exigence contextuelle, contractuelle, mais en aucun cas d’une
obligation systématique.
Le vendeur
peut également faire le choix stratégique d’intégrer un DPE collectif à son DTG
pour mieux valoriser le bien, rassurer les acquéreurs, ou préparer un futur
plan pluriannuel de travaux. Mais cela reste un choix. Dans la majorité des
cas, pour vendre un ou plusieurs appartements, le DPE individuel suffit.
L’amalgame
entre DPE collectif et DTG est donc fréquent, mais juridiquement infondé. Le
premier est un diagnostic énergétique à l’échelle de l’immeuble, encadré par la
loi. Le second est un document global, qui peut contenir une approche
énergétique, mais sans obligation de respecter les normes spécifiques du DPE
collectif.
Avant toute
vente, mieux vaut s’en remettre à un professionnel qualifié pour clarifier la
situation. Car si le DTG devient obligatoire dans certains cas précis, comme la
mise en copropriété d’un immeuble de plus de dix ans, le DPE collectif, lui, ne
suit pas automatiquement. Il suit une autre logique, celle du calendrier
réglementaire des copropriétés. Rien ne sert de les confondre.
Pourquoi un
notaire peut-il exiger un DTG dans le cadre d’une vente ?
Il arrive que
la demande d’un Diagnostic Technique Global (DTG) ne vienne pas d’un syndic ou
d’un professionnel de l’immobilier, mais directement d’un notaire. C’est
souvent le cas lorsque plusieurs lots d’un même immeuble sont mis en vente
simultanément, ou lorsqu’un bâtiment ancien est destiné à être divisé en
appartements. À première vue, cela peut surprendre, car la loi ne rend pas le
DTG obligatoire pour toutes les ventes. Mais du point de vue du notaire, cette
exigence n’est pas arbitraire : elle répond à une logique de transparence et de
sécurité juridique.
Le rôle du
notaire, dans une vente immobilière, n’est pas seulement d’authentifier l’acte.
Il doit aussi s’assurer que l’acquéreur est pleinement informé de ce qu’il
achète, notamment lorsqu’il ne s’agit pas d’un bien isolé mais d’un logement
situé dans un immeuble collectif. Si l’immeuble n’a jamais été divisé, ou s’il
ne dispose pas de diagnostic structurel récent, le notaire peut considérer
qu’un DTG est nécessaire pour encadrer juridiquement la transaction.
Le DTG n’est
pas un simple rapport technique. Il évalue l’état apparent des parties
communes, identifie les équipements collectifs, les désordres éventuels, les
non-conformités réglementaires, les risques structurels, et établit une
projection des travaux à prévoir à court ou moyen terme. Il intègre également,
selon les cas, une évaluation sommaire du coût des interventions à venir et
peut comporter un volet énergétique. Ce document donne donc une vision
d’ensemble du bâtiment, utile à la fois pour l’acheteur et pour le notaire
chargé de sécuriser la transaction.
Lorsque
plusieurs lots sont vendus d’un coup, sans que l’immeuble ait encore été soumis
au statut de la copropriété, la question du partage des charges, de l’état
général des équipements, de l’entretien du gros œuvre ou des réseaux devient
centrale. À défaut de DTG, l’acheteur pourrait estimer ne pas avoir été informé
correctement, et engager la responsabilité du vendeur ou du notaire après la
vente, en cas de mauvaise surprise. D’où l’intérêt de prévenir, plutôt que de
réparer.
Dans certains
cas, le notaire peut également recommander le DTG lorsqu’un immeuble ancien,
mal entretenu, ou à l’histoire floue, est vendu pour être divisé. Le document
permet alors d’identifier les pathologies lourdes, d’anticiper un futur plan
pluriannuel de travaux, voire de préparer une mise en copropriété conforme aux
exigences réglementaires.
On retrouve
aussi cette demande lorsque le notaire perçoit que le bien est vendu à des
acquéreurs qui auront à gérer ensemble les espaces communs, sans qu’un cadre
clair ne soit encore établi. Un DTG devient alors un outil d’information, mais
aussi de responsabilisation.
En somme,
même s’il n’est pas imposé par la réglementation dans toutes les ventes, le DTG
peut être demandé par le notaire dès lors qu’il existe un enjeu collectif, une
division prévue, ou un flou sur l’état de l’immeuble. Ce n’est pas une
formalité de plus, mais un moyen de sécuriser une transaction complexe, et
d’éviter que l’ignorance des uns ne devienne un contentieux pour les autres.
La vente
simultanée de plusieurs appartements déclenche-t-elle une obligation de DTG ?
Trois
appartements vendus simultanément dans un même immeuble. À première vue, il
s’agit d’une opération classique, souvent motivée par une succession, une
réorganisation patrimoniale ou la volonté d’un propriétaire unique de se
désengager progressivement. Mais cette transaction soulève une question moins
anodine qu’il n’y paraît : la vente déclenche-t-elle l’obligation de réaliser
un Diagnostic Technique Global (DTG) ? Tout dépend, en réalité, du statut
juridique de l’immeuble au moment de la vente.
Lorsque
l’immeuble est déjà soumis au statut de la copropriété, la vente de plusieurs
lots, même simultanée, n’entraîne pas d’obligation particulière en matière de
DTG. Seules les règles habituelles s’appliquent : chaque appartement vendu doit
disposer de ses diagnostics réglementaires (DPE, amiante, gaz, électricité,
plomb selon l’année de construction, état des risques, etc.), mais aucun texte
n’impose la production d’un DTG à cette occasion, sauf si l’assemblée générale
l’a préalablement voté.
La situation
change radicalement si l’immeuble est en monopropriété. Dans ce cas, le
propriétaire unique détient l’ensemble du bâtiment, et la vente de trois
appartements peut être assimilée à une mise en copropriété partielle ou totale.
Or, dans un immeuble de plus de dix ans, la loi impose la réalisation d’un DTG
préalablement à cette mise en copropriété. Il ne s’agit pas d’une option, mais
d’une obligation fixée à l’article L.731-1 du Code de la construction et de
l’habitation. Le DTG devient alors une pièce du dossier technique, au même
titre que l’état descriptif de division, le règlement de copropriété ou les
autres diagnostics structurels.
C’est
d’ailleurs souvent à ce moment que le notaire, chargé de rédiger les actes,
alerte le vendeur : pour établir une copropriété régulière, il faut pouvoir
informer les futurs copropriétaires sur l’état technique de l’immeuble. Le DTG
devient alors le document pivot, celui qui rassemble l’analyse de l’état
apparent des parties communes, l’état des équipements, la conformité
réglementaire, les désordres visibles, mais aussi une projection des travaux à
envisager à court ou moyen terme. Il ne s’agit pas uniquement d’une formalité
technique : c’est un outil d’anticipation, d’information et de sécurisation
juridique pour tous les acteurs de la vente.
Il arrive
aussi que la vente de plusieurs appartements s’inscrive dans une logique
progressive. Un propriétaire vend trois appartements sur cinq, avec l’intention
de céder le reste plus tard. Même si la vente partielle n’implique pas
immédiatement la mise en copropriété complète, la jurisprudence considère que
la division juridique d’un immeuble ancien engage le vendeur à produire les
éléments nécessaires à la création d’une copropriété, notamment le DTG. Le
diagnostic devient alors un élément indispensable du dossier transmis aux
acquéreurs.
Enfin,
certaines préfectures ou collectivités peuvent être plus strictes sur la mise
en conformité des divisions d’immeubles anciens, notamment en zones tendues ou
en secteur soumis à des règlements spécifiques. Dans ces contextes, le DTG est
non seulement recommandé, mais parfois exigé avant la signature des actes.
En résumé, la
vente de trois appartements dans un même immeuble n’oblige pas toujours à
produire un DTG. Mais dès lors que le bâtiment est en monopropriété, de plus de
dix ans, et que la vente s’accompagne ou anticipe une division juridique, le
DTG devient obligatoire. Il s’agit d’un outil de transparence et de
régularisation, sans lequel la vente pourrait être retardée, voire
juridiquement contestée. La prudence veut donc que le vendeur s’en préoccupe
dès les premières intentions de cession, en lien avec un notaire et un
professionnel compétent.
Quelle
stratégie adopter pour sécuriser une vente immobilière dans un immeuble ancien
?
Vendre un
immeuble ou plusieurs appartements dans un même bâtiment ancien soulève souvent
des questions techniques que les vendeurs n’anticipent pas toujours. Au-delà
des diagnostics habituels, certains notaires exigent un Diagnostic Technique
Global (DTG), voire un DPE collectif. Mais qu’est-ce qui est réellement
obligatoire, et qu’est-ce qui relève de la simple prudence juridique ?
Le DTG est un
document destiné à évaluer l’état global d’un immeuble. Il analyse les parties
communes, les équipements collectifs, les éventuelles non-conformités
réglementaires, les risques de dégradation, et propose une première évaluation
des travaux à prévoir. Il peut inclure un volet énergétique, mais cela reste à
la discrétion du professionnel qui le réalise. Contrairement à certaines idées
reçues, le DTG n’est pas systématiquement imposé par la réglementation. Il
devient obligatoire uniquement dans certains cas précis : mise en copropriété
d’un immeuble de plus de dix ans, ou sur injonction administrative en cas
d’insalubrité.
Quant au DPE
collectif, il suit une logique indépendante. Il ne découle pas du DTG. Il est
imposé progressivement, depuis janvier 2024, aux copropriétés selon leur
taille. Les immeubles de plus de 200 lots sont concernés depuis le 1er janvier
2024, ceux de 50 à 200 lots à partir de 2025, et tous les autres à compter de
2026. Mais pour un immeuble en monopropriété, destiné à être divisé ou vendu
par lots, ce diagnostic n’est pas requis par défaut. Il peut toutefois être
exigé par le notaire si les circonstances le justifient : système de chauffage
collectif, état incertain de l’immeuble, ou volonté de protéger juridiquement
les parties.
Ce que révèle
cette succession de cas, c’est que la question n’est pas simplement
réglementaire. Elle est aussi stratégique. Un vendeur avisé peut décider de
faire réaliser un DTG même s’il n’y est pas obligé, pour anticiper les
objections, valoriser le bâtiment, ou sécuriser la vente. À l’inverse,
l’absence de DTG dans une situation où il est requis peut retarder, voire
bloquer, la signature de l’acte. De la même manière, un DPE collectif bien
présenté peut rassurer un acquéreur ou éclairer une division future.
Ce qui
compte, au fond, c’est d’anticiper. Les ventes complexes, les immeubles
anciens, les mises en copropriété ou les cessions de plusieurs lots simultanés
ne sont jamais de simples formalités. Elles doivent être accompagnées d’une
lecture technique du bâtiment. Le notaire n’est pas là pour faire appliquer la
loi à la lettre, mais pour sécuriser l’opération dans son ensemble. Et c’est
souvent dans cette logique qu’un DTG est demandé.
Ce document,
trop souvent perçu comme une contrainte, est en réalité un outil de clarté. Il
permet de situer l’état de l’immeuble dans son cycle de vie, d’identifier les
urgences, de planifier l’entretien à long terme, et surtout, de replacer la
vente dans un contexte patrimonial plus large.
Il ne s’agit
donc pas seulement de savoir si un DTG est obligatoire, mais de comprendre
pourquoi il peut être utile — pour l’acquéreur, pour le vendeur, et pour le
bâtiment lui-même.