L’impact des matériaux de construction sur le DPE : Pourquoi tous les logements ne se valent pas ?”
Le Diagnostic
de Performance Énergétique (DPE) attribue une classe énergétique à un bâtiment
en fonction de sa consommation conventionnelle d’énergie. Pourtant, à surface
et équipements équivalents, deux logements peuvent obtenir des résultats très
différents. L’un des principaux facteurs expliquant ces écarts est le matériau
de construction du bâtiment. Béton, pierre, briques, ossature bois ou encore
terre crue, chaque matériau possède des caractéristiques thermiques qui
influencent directement l’efficacité énergétique et le classement DPE.
Les propriétés thermiques des matériaux et leur impact sur le DPE dans l'Eure
Les
performances d’un bâtiment en matière d’isolation et d’inertie thermique
dépendent en grande partie des propriétés des matériaux utilisés pour sa
construction. Ces matériaux influencent :
• L’isolation
thermique : capacité du matériau à limiter les pertes de chaleur
• L’inertie
thermique : capacité à stocker et restituer la chaleur pour stabiliser la
température intérieure
•
L’étanchéité à l’air : capacité du matériau à éviter les infiltrations d’air
parasites
Les matériaux
à faible inertie thermique, comme le béton banché, les parpaings creux ou les
ossatures légères, entraînent généralement des bâtiments réactifs aux
variations de température. Ils chauffent vite, mais refroidissent aussi
rapidement, ce qui peut augmenter la consommation énergétique en hiver et créer
une surchauffe en été.
À l’inverse,
les matériaux à forte inertie thermique, comme la pierre massive, la brique
pleine ou le pisé, stockent la chaleur et la restituent progressivement,
assurant un confort thermique plus stable.
Béton,
brique, pierre, bois : quels matériaux influencent le plus le DPE ?
Les bâtiments
en béton et en parpaing sont les plus répandus dans la construction moderne,
mais ce sont aussi ceux qui nécessitent une isolation renforcée pour obtenir un
bon DPE. Leur inertie thermique moyenne, combinée à une conductivité
relativement élevée, entraîne souvent des déperditions thermiques importantes,
notamment au niveau des ponts thermiques.
Les maisons
en brique pleine, souvent construites avant 1948, bénéficient d’une inertie
thermique élevée. Lorsqu’elles sont rénovées avec une isolation performante,
elles peuvent obtenir un DPE très favorable, car elles stabilisent
naturellement la température intérieure. Cependant, si l’isolation est mal
réalisée (exemple : isolation intérieure sans rupteur de pont thermique), la
performance peut être réduite.
Les bâtiments
en pierre massive ont une très forte inertie thermique mais souffrent souvent
d’un problème d’humidité. L’isolation par l’extérieur est souvent recommandée
pour ne pas perturber la respiration du mur et éviter la condensation.
Les
constructions en bois et en ossature légère sont très performantes en termes
d’isolation, car le bois possède une très faible conductivité thermique.
Cependant, leur faible inertie thermique peut poser problème en été,
nécessitant parfois des protections solaires et des matériaux à forte capacité
d’absorption thermique pour limiter la surchauffe.
Pourquoi deux
logements identiques dans l'Eure sur le papier peuvent avoir des DPE différents ?
Lorsqu’un
propriétaire réalise un DPE, il peut être surpris de constater que deux
bâtiments avec la même surface, le même chauffage et la même isolation n’ont
pas le même classement énergétique.
La principale
explication vient du comportement thermique du bâti. Un immeuble ancien en
brique, correctement isolé, bénéficiera d’une régulation naturelle de la
température et consommera moins d’énergie qu’un bâtiment moderne en béton mal
isolé.
L’exposition
et les matériaux influencent également les apports solaires passifs. Un
bâtiment bien orienté avec une façade en pierre absorbera la chaleur du soleil
en hiver et la restituera progressivement, alors qu’un bâtiment en béton
préfabriqué avec de grandes surfaces vitrées peut nécessiter un chauffage
d’appoint en hiver et une climatisation en été pour assurer le même confort.
Quels
matériaux privilégier pour améliorer son DPE ?
Lorsqu’on
envisage des travaux de rénovation, il est crucial de choisir des matériaux
compatibles avec l’inertie du bâti pour ne pas aggraver la situation.
• Pour un
bâtiment en pierre ou en brique pleine : privilégier une isolation par
l’extérieur pour éviter la condensation interne et améliorer l’inertie
• Pour un
logement en béton ou parpaing : utiliser des isolants performants (laine de
bois, ouate de cellulose) et traiter les ponts thermiques
• Pour une
construction en ossature bois : ajouter des matériaux à forte inertie
thermique, comme des briques de terre crue ou des cloisons en béton allégé,
pour stabiliser la température intérieure
L’objectif
est d’optimiser les échanges thermiques pour améliorer le classement
énergétique sans nuire aux caractéristiques naturelles du bâtiment.
Vers une
prise en compte plus fine des matériaux dans le DPE ?
Avec
l’évolution des réglementations, il est probable que le DPE en Normandie intègre à l’avenir
une évaluation plus détaillée des matériaux de construction. Aujourd’hui, le
mode de calcul reste basé sur des valeurs conventionnelles qui ne prennent pas
toujours en compte la complexité des bâtiments anciens ou atypiques.
À partir de
2026, la généralisation du DTG (Diagnostic Technique Global) pour les
copropriétés devrait imposer une analyse plus précise de la performance
thermique réelle du bâti, notamment pour les ventes d’appartements. Les futurs
acheteurs devront s’assurer que leur bien est compatible avec une rénovation
énergétique efficace, ce qui renforcera l’importance de connaître l’impact des
matériaux utilisés.
Conclusion
Le DPE ne se
limite pas au chauffage et à l’isolation. Le matériau de construction influence
directement la consommation énergétique, et sa prise en compte est essentielle
pour comprendre comment un bâtiment réagit aux variations climatiques.
Choisir les
bons matériaux pour une rénovation énergétique permet d’optimiser le classement
DPE, de garantir un confort thermique durable, et de limiter les consommations
inutiles. Avec les évolutions réglementaires à venir, il devient primordial
d’anticiper ces aspects pour éviter que des choix mal adaptés ne pénalisent la
performance globale du bâtiment.